Un petit hommage au regretté Noël, de la part de Jean-Baptiste Lucchini....
Noël Pompa
Ton nom officiel était Noël Ambroggi ; l’homme a
disparu, le ‘niumignulu’ traditionnel est encore là pour témoigner de ce qui
reste de ce passé de nos vieux. Natali Pompa ; je te connaissais au mieux
d’avoir éprouvé avec toi marrons et ‘cazotti’ en guise d’échanges
d’idées ; mais nous étions enfants et donc affaire oubliée. Et un beau
jour, plus tard Natali Pompa épouse ma cousine Angèle. Et là je me dis ‘elle a
fait le bon choix’.
Quelle
dérive quand même de se faire une idée déjà forgée à partir d’une appréciation
infantile et sur des rapports percutants de horions. Et j’en étais là, à me
dire que je ne pourrais jamais t’entraîner, Noël Pompa, sur les chemins
inconfortables des idées qui meublent mes insomnies. Tu m’aurais dit, ‘et tu
passerais l’hiver, chez nous, avec tes élucubrations ?’ ça m’aurait figé
dans mes incapacités, cette possible réponse, parce que suffisait le regard sur
les maisons édifiées de tes mains, de tes reins, de ses connaissances, tous
projets qui te faisaient engager des frais énormes, sans angoisse -sacs de
ciment, de sable, moellons et tuiles en nombre, vitrerie, décamètres de tuyaux
de cuivre, matériels divers et outils- puis te mettre à la tâche et construire
sans douter un moment du résultat, engageant des efforts démentiels pris sur
les dimanches et les moments disponibles laissés par tes virées en montagne
pour faire vivre le commerce que tu construisais dans le même temps. Et alors
je me dis, ‘la vie, c’est ça’ et si on ne reconnait pas ça, on peut discourir autant
qu’on veut, on reste, comme on dit maintenant, hors sol. Ça a été ça, ta vie,
Noël, et je me sens le devoir de le faire savoir ; détermination et
courage. Qui n’en témoignera de ceux qui t’ont vu l’œuvre, Noël ? Où que
tu sois tu as bien mérité de ta vie. Je dis cela très fort parce que
personnellement je te dois, Noël, d’être de ceux qui m’ont confirmé dans le
sentiment de me retrouver chez moi, lors de mes toujours trop courts séjours
dans notre île. Alors, saluti a tè ; et si quelque part dans cet inconnu
inexplorable que tous nous finissons par atteindre il y a un lieu de repos peut-être
nous retrouverons nous pour terminer une ‘n’bracciuta’ inachevée de notre
vivant. En attendant je reste dans l’illusion que je verrais toujours dans ton
regard maintenant éteint l’image de l’enfant qu’à mon idée tu tentais de revoir
en moi. Et ça me serait presque consolation. Allez ; tcia, Natali Pompa.