lundi 30 septembre 2019

[Nouvelles] Monacia d'Aullène & Gianuccio > Légendes de Corse > Omu di Cagna.


Corse matin.
Légendes de Corse : l'Omu di Cagna, l'ogre pétrifié
L'Île des Ogres
Corse-Matin et Albiana vous proposent de découvrir quelques légendes de la Corse à travers des contes et des histoires tirés du livre "Corse : L'Île des ogres", de Jean-Jacques Andreani.

Il était une fois, au pays de Monacìa, une famille de bergers qui vivait paisiblement… Mais un jour, revenant de qui vivait paisiblement… Mais un jour, revenant de la campagne plus vite que prévu, Simonu, le père s’écroule, brusquement malade. Fiévreux, tremblant, il a perdu toute conscience. Livia, sa femme, et Lisandru, son jeune fils, très inquiets, le mettent au lit et font appel à Miliu, le forgeron de la région, connu pour son don de guérisseur. Mais celui-ci, après sa visite, s’avoue impuissant…
« Il y a dans cette fièvre la marque d’un terrible pouvoir », annonce gravement celui qui sait pourtant soigner hommes et bêtes. « Pas de doute !... Quelqu’un lui a jeté un sort et je ne vois qu’un seul remède qui puisse le sauver de la mort… Mais ce remède, je ne peux le préparer… Il faut aller au plus vite trouver l’unique personne capable de le composer, le magonu... »
En entendant ce nom, la mère sent un frisson lui glacer le sang. En effet, comme tout le monde, elle connaît la réputation de ce vieil homme qui vit sur la pointe d’une colline voisine, dans un orriu aménagé sous un gros bloc de granit. Solitaire, redoutable, u magonu n’aime pas être dérangé. Expert dans la connaissance des mystères de la nature, il sait parler la langue des oiseaux, déchiffrer les signes de la vie et peut même, disent certains, se déplacer par magie sans bouger de chez lui.
Désespérée, la mère, qui se demande comment trouver le vieux magicien, se met à pleurer…
« C’est sûr, personne n’osera approcher le magonu et Simonu va mourir… pense-t-elle entre deux gros sanglots... tout est perdu, qu’allons-nous devenir ? »

Tandis que sa mère se lamente sur le cruel destin qui l’accable, Lisandru ne peut se résigner. Le jeune berger comprend que l’heure est venue pour lui de tout tenter pour sauver son père auquel il est tant attaché. C’est lui qui doit, malgré le danger, se mettre à la recherche du magonu pour trouver le remède. Et il doit partir sans tarder…
 « C’est à moi d’y aller. Ne t’inquiète pas, je serai bientôt de retour, tu verras… » dit-il à sa mère avant de prendre son pilonu et de s’élancer sur le sentier qui mène à la colline… À la fois inquiet et pressé, Lisandru court plus qu’il ne marche et, bientôt, le voilà tout près de la maison du vieux magicien. Le jeune berger s’arrête un moment…
« J’ai besoin de réfléchir un peu, se dit-il en observant les environs… Il vaut mieux que j’annonce mon arrivée sinon le magonu risque de s’énerver… Je vais essayer de le prévenir au mieux… »
D’une poche, Lisandru sort alors sa guimbarde et commence à en jouer. Les sons, qui s’élèvent en tourbillonnant vers la colline, composent un air nostalgique. Le jeune berger poursuit un moment et s’arrête. L’écho de la musique résonne encore un peu entre les rochers et les arbres puis s’éteint. Maintenant, Lisandru doit attendre un signe…
Soudain, surgi de nulle part, voici que le magonu apparaît juste devant lui. Lisandru, médusé, n’en croit pas ses yeux…
« Alors c’est vrai, il peut se déplacer par magie »… pense-t-il, inquiet, tandis que le vieil homme l’observe fixement pendant un moment, sans rien dire. Le jeune berger, qui sent le regard du magonu pénétrer au plus profond de son coeur, est paralysé par la peur. En reprenant son souffle, il parvient cependant à articuler sa requête…
« Je vous demande pardon o sgiò magonu, je viens demander votre aide… Mon père est malade, Miliu a dit qu’il est victime d’un sort étrange et que vous seul pouvez le soigner… Aidez-nous, par pitié »
À peine a-t-il terminé sa phrase que Lisandru voit les pieds du magonu se détacher du sol !... Toujours silencieux, drapé dans son long manteau sombre, le vieux magicien qui, par enchantement, continue de léviter, fait lentement le tour du jeune berger.
Puis, d’une voix grave, il lui dit : « Je sens à travers toi les vibrations qui sont à l’oeuvre pour accabler ton père… Miliu a raison, le sort est si puissant que pour le détruire, il faut composer un philtre qui nécessite plusieurs ingrédients très rares. Malheureusement, l’un d’entre eux, végétal, essentiel, qui doit être cueilli frais, ne pousse que dans la haute combe de Cagna et ce bois sacré m’est interdit désormais… »
En disant cela, le magonu atterrit non loin de Lisandru : « N’aie pas peur, tout n’est pas perdu… »
La voix grave du magonu, presque amicale, résonne agréablement aux oreilles du jeune berger rassuré.
« Cagna est aux mains d’un ogre qui empêche quiconque de s’approcher de la forêt, poursuit le vieux magicien… Ce colosse, venu du Nord, a pris possession des lieux et règne par la force. Mes charmes n’opèrent plus près des grands arbres anciens. L’ogre y a établi sa demeure où il fait brûler en permanence une herbe inconnue qui produit une fumée invisible, capable d’asphyxier n’importe qui, même moi. Je ne peux plus pénétrer dans le bois de nos ancêtres mais toi, si je t’aide un peu, peut-être réussiras-tu…
– Je veux essayer… je dois réussir ! » répond impétueusement Lisandru.
***
Alors, le vieux magicien pose sa main droite sur l’épaule gauche de Lisandru puis, tout doucement, siffle trois notes. Le jeune berger et le magonu disparaissent du sentier de la colline pour réapparaître instantanément à la frontière de la haute combe de Cagna.
Le magonu lâche aussitôt Lisandru et lui donne une sorte de mouchoir en disant : « Je ne peux aller plus loin… Maintenant, tu dois suivre, seul, la piste qui s’élève vers la forêt… Tiens, voici une pièce d’étoffe que j’ai imprégnée d’une substance magique… Pour moi qui suis très vieux, elle n’a aucun intérêt, mais toi qui es si jeune, elle va te protéger de la fumée et te permettre de respirer presque normalement… Tu dois cependant te dépêcher car l’effet ne dure que peu de temps… Cours jusqu’à la maison de l’ogre, sous les grands arbres… Tu verras un petit ruisseau. C’est là, près de l’eau, que pousse l’erba bambina, la mousse que tu dois me ramener »
Le vieux magicien sort alors de son manteau quelques minuscules brindilles qu’il montre au jeune berger… « Voilà l’erba bambina…Cueilles-en une belle poignée et reviens vite, je t’attends… Allez, va à présent, je me charge d’attirer l’ogre »
Puis le magonu se dirige vers un tronc d’arbre mort qu’il gratte de ses ongles. Le bruit, imperceptible au début, se fait rapidement de plus en plus fort et le vacarme résonne bientôt partout dans la haute combe.
Lisandru, qui court déjà sur la piste de la forêt, portant son foulard sur la bouche et le nez, a le souffle court. Alors qu’il atteint les grands arbres majestueux, il entend un énorme fracas derrière lui, en contrebas.
« L’ogre est descendu vers l’arbre mort »… se dit le jeune berger qui court toujours, dépasse la maison du colosse et parvient enfin près du ruisseau.
Là, ayant trouvé l’erba bambina, il en récolte tout de suite une grosse poignée. Mais au moment de partir, patatras !... L’ogre, qui ne s’est pas laissé duper, est là, imposant et en colère…
 « Pourquoi n’es-tu pas mort petit voleur ? »...
rugit-il en empoignant Lisandru par la gorge avant de le plaquer contre un arbre… « C’est sans doute ce foulard qui t’a sauvé »… reprend le colosse plein de rage qui avance sa main vers le visage du jeune berger pour arracher l’étoffe. Mais au même instant, tandis que Lisandru croit sa mort inévitable, l’ogre, brusquement tiré en arrière, le lâche.
Le colosse, comme emporté par une main invisible, est secoué en l’air, traîné au sol et cogné violemment à plusieurs reprises contre le tronc des arbres. Après tous ces coups, il finit par s’évanouir et s’écroule lourdement à terre. Apparaît alors près du monstre une superbe jeune femme aux cheveux noirs et au teint de lait, vêtue d’un beau manteau brillant, tissé de feuilles d’arbres.

dimanche 29 septembre 2019

samedi 28 septembre 2019

[Nouvelles] Documentaire > Femmes corses, paroles croisées > Via Stella Ghjenti > Par Jackie Poggioli.


 FEMMES CORSES, Paroles Croisées.
Notre concitoyenne Jackie Poggioli, très présente dans la vie de notre communauté villageoise comme dans les productions de ViaStella où elle est grand reporter et réalisatrice, est l’auteur d’un nouveau documentaire, après une cinquantaine d’œuvres consacrées pour l’essentiel à l’histoire insulaire.  Son film, bilingue corse-français, a cette fois pour thème les femmes corses d’aujourd’hui et est intitulé Donni di Corsica.  Une autre auddaninca, Davia Benedetti, à la fois universitaire et danseuse émérite, remarquée lors de ses divers spectacles, est l’une des six intervenantes de ce documentaire. C’est le double profil de Davia, à la fois anthropologue de la danse et elle-même artiste, mais également son rapport à la Corse - puisqu’elle fait partie d’une famille très engagée dans le mouvement nationaliste insulaire depuis des décennies -  qui est au centre de son interview, dans le film de Jackie, qui donne la parole à d’autres femmes au profil idéologique et professionnel très différent, aussi contrasté notamment que leur positionnement sur l’identité féminine. Dans l’extrait du documentaire déjà visible sur le site Internet de FTV, on découvre Davia avec une partie de sa (grande !) famille, dont ses parents, Jean et Félicia Benedetti. Ceux qui ont pu voir Davia cet été à Auddè, où elle avait participé avec brio à la cérémonie organisée au Monument aux Morts le 9 août, à la demande là aussi de Jackie, ne pourront qu’être intéressés par sa prestation dans ce documentaire. Il sera présenté en avant-première lundi 30 septembre à 21h à Ajaccio, au cinéma l’Ellipse, en version corse sous-titrée et sera diffusé le 4 octobre à 20h45 sur France3Corse Via Stella, avant d’autres rediffusions à la date notifiée sur l’Antenne de la chaîne locale et dans la presse.

dimanche 15 septembre 2019

[Nouvelles] Aullène & Monacia d'Aullène > Mort pour la France > Antoine François LUCCHINI.

Jour pour jour,
Il y a tout juste cent ans,

15 septembre 1919       15 septembre 2019.

Il est Mort pour la France.

LUCCHINI Antoine François.
né le 14 janvier 1893 à Monacia d'Aullène.
fils d'Antoine Marie et de Marie Françoise Colombani.

Dés 1911, il s'engage au 5éme dépôt de la flotte des équipages.
Durant toute la durée de la guerre, il sera affecté à bord d'un sous marin en qualité de Quartier Maitre.

Alors qu'il patrouillait en Mer Salonique, le sous marin a été torpillé par un navire allemand.
Antoine François, a eu la chance de s'en réchapper et surtout de rejoindre à la nage la terre.
Démobilisé et réformé, il est décédé à son domicile à Aullène. 

C'était le frère de Jean Lucchini, mort pour la France le 23.10.1918.






vendredi 6 septembre 2019