samedi 10 février 2007

[archives nat.] Cour d'assises Bastia / 1851 / Affaire Pompée Chiaroni

François Tafanelli ayant entrepris d'éplucher soigneusement les archives publiques policières et juridiques concernant nos villages d'Aullène et de Monacia, une correspondante, Jeanine Thery, a eu la gentillesse de lui communiquer les photographies prises aux Archives nationales d'un compte rendu du premier trimestre 1851 de la Cour d'assises de Bastia d'une affaire de meurtres à Aullène. Parmi les noms cités dans le compte rendu se trouvent : Chiaroni, Lanfranchi, Lucchini et Vesperini.

Référence du document photographié aux Archives nationales : AN CARAN – BB- 21/152/2



Pour expliquer au lecteur pourquoi le rédacteur du compte rendu insiste sur la différence de traitement envers des plaignants obscurs et un accusé bénéficiant de protections, il est nécessaire de noter que les familles alliées de Pompée Chiaroni et de Jean Lanfranchi étaient celles de notables bien assis et pourvus de solides connexions. En outre, si aujourd'hui la colère du rédacteur nous semble bien justifiée au regard du traitement moderne de la justice, il faut tenter de se remettre dans le contexte historique et garder à l'esprit qu'un traité de paix, généralement objet de longues et pénibles tractations, ayant été signé devant le curé d'Arbellara, l'affaire avait probablement été déjà considérée comme close et le pardon accordé par les familles concernées.

Voilà un sujet intéressant que des recherches plus précises pourront peut-être mieux éclairer.


Autres références utiles : "Vendetta et banditisme en Corse au XIXe siècle" par Stephen Wilson.

------------- début du texte retranscrit -------------


1851, Cour d'assises de Bastia, affaire Pompée Chiaroni

Cour d'assises séant à Bastia
1er trimestre de 1851
Compte rendu des affaires criminelles jugées sous la présidence de Mr. le Conseiller Justin de la cour.

1851, Cour d'assises de Bastia, affaire Pompée Chiaroni

N° 15
Meurtre avec préméditation et guet-apens
Chiaroni Pompée, 27 ans, propriétaire célibataire, sachant lire et écrire assez bien. Condamné à 15 jours d'emprisonnement pour port d'armes prohibées par le tribunal de Sartène. Né et domicilié à Aullène (Corse).
Tribunal de Sartène
M. Cauret juge d'instruction


En avril 1842, un Lanfranchi était assassiné à Aullène et Luccchini Jean était poursuivi comme son meurtrier.

Le 12 mai suivant, Toussaint et Alfonsi Vesperini beaux frères de Lucchini rentraient à cheval d'Aullène à Arbellara. A Luguoli à un kilomètre d'Aullène trois coups de feu partent du talus qui domine la route de derrière une haie. Tousssaint Vesperini tombe sans vie. Une nouvelle décharge de trois coups se fait entendre. Alfonsi tombe à son tour atteint de deux balles, l'une à la cuisse et l'autre au talon gauches. Son cheval est tué. Il se relève et se jette dans un makis. Deux des assassins qui étaient au nombre de trois l'y poursuivent, et là immobile il les vit se livrant à leurs recherches. Il reconnut Lanfranchi Jean et Pompée Chiaroni. Ce dernier criait : Arrive ici, le voilà qui se sauve. 6 jours après Alfonsi était mort.

Indépendamment de cette attestation formelle d'Alfonsi, Chiaroni avait à combattre deux charges écrasantes. Ainsi il avait pris la fuite immédiatement après le crime et il ne reparaissait devant la justice qu'après huit années d'exil. Un traité de paix était intervenu entre sa famille et celle des victimes.

1851, Cour d'assises de Bastia, affaire Pompée Chiaroni

Enfin l'un de leurs frères présentait aux débats une lettre de l'ancien curé d'Arbellara qui avait été l'instigateur de la paix et dans laquelle il était dit qu'il fallait pardonner à Chiaroni, malgré son crime.

Tout cela était plus que suffisant pour faire condammer un accusé sans appui ; mais Chiaroni était doublement protégé par l'obscurité des plaignants et par les vives instances de ses protecteurs parmi lesquels figurait au premier rang celui des jurés de la session désigné dans la précédente affaire.

Il a été scandaleusement acquitté. Jean Lanfranchi son co-assusé l'avait été également en 1843.


------------- fin du texte retranscrit -------------


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Si vous désirez rédiger un commentaire, il vous faut utiliser un compte Google, par exemple, ou alors en créer un. Pour créer un compte "Google", taper votre commentaire, sélectionner "Compte Google" dans le menu déroulant, puis cliquer sur le bouton "Publier" qui vous redirige vers une page de connexion à un compte Google. Cliquer sur le bouton en haut à droite "INSCRIPTION" et suivre les instructions.