mercredi 29 juillet 2015

Hommage à Xavier Benedetti Pichitonu

Un soir je reçus un coup de fil de Xavier. D’habitude c’était moi qui appelais et je me sentais un peu coupable de ma négligence. Nous parlâmes du décès de sa fille Sandrine, de Colette, son épouse dont je lui demandais des nouvelles, il me dit qu’il avait quatre-vingt ans et cela me parut curieux mais au son de sa voix qui faiblissait  il me parut fatiguer alors je fis en sorte de ne pas prolonger. C’était  notre dernière conversation téléphonique mais je ne le savais pas. Plus tard Colette me raconta qu’il lui avait dit m’avoir téléphoné et maintenant je me demande si ce n’était pas un adieu.
Xavier, mon  ami ; les souvenirs que j’ai de Xavier. Jeune homme, campé dans le but de l’équipe d’Aullène, muscles des cuisses frémissants d’ardeur, piétinant en se plaçant face à l’attaquant adverse la terre dure du fruste terrain, se jetant fougueusement dans les pieds armés de crampons pour soustraire le ballon… plus tard, bien plus tard, s’ébaudissant de nos frasques de jouvenceaux  –nous étions trois, Richard Kemoun, Jean Michel Benichou et moi-même- et accueillant dans sa chambre nos interminables  parties de poker… plus tard encore me soutenant au téléphone dans mes efforts d’écriture et m’apportant tant de documentation qu’il est d’une certaine façon partout dans ce que j’ai écrit… et passerais-je sous silence les repas que nous avons pu partager, ces moments sérieux où nous opposions nos points de vue et nos séances de franches rigolades ?
Xavier, si vivant, dont la force d’âme comblait  sans peine le déficit de la force physique que la maladie lui avait retirée. Xavier, mon ami, celui que tous les gens de ma génération vénéraient pour avoir remplacé sans faillir Jean Benedetti Cinnareddu au poste de goal de l’équipe d’Aullène. Xavier, mon ami ; je ne pouvais laisser passer dans le silence ta disparition. Tu n’es plus, Xavier et tu manques à ta famille au premier chef mais tu manques aussi à nombre de gens et tu ne te serais point douté à quel degré. En tous cas tu me manques et me manqueras.
Je ne crois pas à une vie ultérieure où nous pourrions nous rencontrer et nous raconter à l’infini ces fables que nous aimions à créer ensemble. Je ne sais qu’une chose ; j’ai quelque part en moi un lieu que nous partagerons jusqu’au moment…  car il en est ainsi de la vie, mon ami. Je sais juste que lorsque je viendrais m’incliner sur le lieu où reposent tes parents et où, fin Août, tes cendres seront déposées auprès de celles de Sandrine, tout me reviendra de ta présence qui m’a été si chère et que je repartirai plus fort du sentiment  d’amitié renouvelé que nous avons partagé.


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