mardi 11 novembre 2008

[Archives mil.] Sébastien Lucchini, "MPF"

Sébastien Lucchini, né le 30 octobre 1880 à Aullène, adjudant au 4ème régiment d'infanterie coloniale (qui fut intégré au 4e régiment mixte de marche qui devint ensuite le 54e régiment d'infanterie coloniale), est "mort pour la France" le 21 juin 1915 sur le front des Dardanelles, à Sedd-Ul-Bahr.

Sébastien Lucchini, mort pour la France aux Dardanelles / Gallipoli le 21 juin 1915

Le 4e régiment d'infanterie coloniale faisait partie du Corps expéditionnaire d'Orient, qui devint ensuite le Corps expéditionnaire des Dardanelles puis la 17e Division d'infanterie coloniale.

Ci-dessous une copie littérale des minutes du journal des marches et opérations du Corps expéditionnaire d'Orient qui retracent les deux derniers jours que vécut Bastianu, les 20 et 21 juin 1915.

Plusieurs recoupements me laissent penser (imaginer ?) que Sébastien pourrait être "tombé" le matin du 21 juin du côté de la tranchée du talweg du Kérévès Déré.

Journal des marches et opérations du Corps expéditionnaire d'Orient, juin 1915

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Service historique de la défense (SHD), Château de Vincennes, Avenue de Paris, 94300 Vincennes
http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr

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Journal des marches et opérations du Corps expéditionnaire d'Orient ; cote 26N75/9 [minutes manuscrites]
(période du 8 juin au 13 novembre 1915)

Journal des marches et opérations du Corps expéditionnaire d'Orient ; cote 26N75/3 [document dactylographié à partir des minutes]
(période du 6 juin au 5 juillet 1915)

1915

Cahier n°3

(pages 117 à 124 et pages 14 à 22 des minutes / carte page 127 et page 25 des minutes)

Juin - 20- Nuit et journée calmes. Tir d'artillerie un peu moins violent ; cependant il détruit un avion et en avarie un autre sur le terrain d'atterrissage de la plage W. Il est décidé que les aviateurs n'atterriront plus à Hellès. Les deux compagnies du bataillon BOCK restées dans la péninsule sont dirigées sur Tenedos.

L'ordre d'opérations suivant est donné (N° 388 M) :

I- "Les troupes des secteurs d'attaque des 1ère et 2ème division réunies sous le commandement du Colonel commandant la 3ème brigade, attaqueront le 21 juin le front turc depuis l'ouvrage G' à droite jusqu'au point Z''' à gauche. Le but de l'opération est d'enlever les 1ère et 2ème lignes sur le front du 175ème, les 1ère, 2ème et 3ème lignes, sur le front du 6ème colonial, de s'installer fortement dans ces lignes pour résister aux contre-attaques et de s'établir à la crête militaire entre les deux branches du front turc conquis.

II- ARTILLERIE.-
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Sept batteries de campagne, deux batteries de 155 court, sept obusiers anglais, seize canons Dumézil prépareront l'attaque suivant répartition faite par le Colonel commandant l'artillerie. Le groupe DESLIONS neutralisera le front turc à l'ouest de Z''' ; le groupe HOLZAPFEL neutralisera le front H.I.J.K.L. ; 2 pièces de 75 seront poussées en arrière des 1ères lignes, abritées, et ne se révèleront pas avant le jour de l'attaque, 2 batteries de 75, le 155 long et le 120 long en contre-batteries sur Achi Baba et l'Asie. Les 2 batteries de montagne à la disposition des divisions, celles de la 1ère division surveillera en particulier la coupe de la rive gauche du Kérévès Déré. A l'heure de l'attaque, l'artillerie allongera le tir sur les 2ème et 3ème lignes, et formera barrage surtout sur les boyaux aboutissant à Z''', Z''-2 au Nord et à L-4, L'-4, H au Sud, par où peuvent déboucher les contre-attaques. Le barrage sur les points doit être absolu.

III- ATTAQUE.-
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a)- On se conformera aux principes posés sur la note 227 M du 2 juin sur les attaques. Les troupes d'assaut ne prendront pas le sac. Les points essentiels sont : que l'attaque se déclenche instantanément à l'heure fixée et que chaque homme, sans se préoccuper de ses voisins, se précipite à la course sur la tranchée ennemie, que l'on profite des instants fugitifs où l'artillerie annihile le feu de l'ennemi pour gagner la deuxième, la troisième ligne ; que les vagues successives qui doivent tenir la 2ème ligne, la 1ère ligne, suivent immédiatement avec les mitrailleuses. La nécessité de renforcer l'attaque prime le relèvement et le transport des blessés.

b)- On veillera à la liaison entre les deux régiments dont la gauche et la droite respectivement recevront un point de direction commun. L'un des régiments aura une compagnie prête à combler un vide qui se produirait. Chacun d'eux aura en outre à son aile extérieure un élément de renfort.

c)- La 1ère division fournira aux attaques une section du génie, la 2ème deux sections.

IV- TROUPES QUI N'ATTAQUENT PAS.- RESERVES.-
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Feront un feu rapide de mitrailleuses surtout pour neutraliser les parties du front turc non attaquées. Dans chaque brigade de 1ère ligne, un régiment sera en réserve de brigade. Dans chaque brigade de réserve, un régiment en réserve de Division, un en réserve de corps d'armée, tous prêts à marcher.

V- AVIONS.-
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Deux avions avec observateurs d'artillerie seront à 4 heures 30 au-dessus du terrain des attaques. Deux avions, à la même heure, survoleront les batteries de la côte d'Asie. Deux avions de reconnaissance et de bombardement entre Achi Baba et Boghali prêts à signaler ou à bombarder les colonnes importantes, et à contre-battre les avions ennemis, l'un à partir de 5 heures 30, l'autre à partir de 7 heures. Ces deux avions alterneront en venant se ravitailler en bombes et se reposer, tant que le résultat de la journée ne sera pas acquis. Un dépôt de bombes sera constitué au parc d'aviation du camp anglais.

VI- P.C. du commandant des attaques à la redoute BOUCHET, du Général commandant la 1ère division poste du C.E.O. ; du Général commandant la 2ème division poste Zimmermann ; du Général commandant le C.E.O. Vieux Château.

VII- MESURES DE DETAIL.-
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a)- Un relai téléphonique sera installé à la position de repli sur le boyau montant de la redoute. Tout le personnel téléphonique sera sur pied, prêt aux réparations de la ligne.

b)- La prévôté du C.E.O. désignera un maréchal des logis, un brigadier et 6 gendarmes à la disposition du commandant des attaques pour la police des boyaux.

c)- Les colonels prendront leurs dispositions pour que les troupes mangent une soupe et prennent un café chaud avant l'assaut et emportent un repas froid."

Cet ordre, d'abord donné sans date aux intéressés, est confirmé dans la soirée du 20 juin par l'ordre 411 M pour la journée du lendemain.


Pertes du 20 juin.-
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T. B. D.
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A- OFFICIERS.-

Ambulance 2ème division
M.M. MAGNIEN 1 [T]

B- TROUPE.-

175ème R.I. 2[T] 17[B]
1er R.M.A. 6[B]
4ème colonial 2[B]
6ème colonial 1[T] 18[B]
AD-1 1[B]
176ème R.I. 1[T] 8[B]
2ème R.M.A. 1[T] 13[B]
7ème colonial 3[T] 3[B]
8ème colonial 3[B]
AD-2 2[T]

Total général : 1 officier et 81 hommes de troupe.


DEBARQUEMENT DU 20 JUIN.-
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A- Infanterie : 3 officiers et 22 hommes.

B- Artillerie : Matériel pour la batterie de 240.
4356 obus de 75
326 obus de 155
208 obus de 120
125.000 cartouches.

C- Génie : 179 caisses de grenades;
4000 sacs à terre.
100 sacs de ciment.
50 tôles.

D- Santé : matériel et médicaments.

E- Intendance : 600 sacs d'avoine.
200 sacs de pain.
200 balles d'avoine.
200 caisses de lait.
25 tonnes de bois à brûler.


Juin - 21- P.J.-K-39-40. La nuit du 20 au 21 est calme. Le Colonel GIRODON, commandant l'attaque, signale que les patrouilles du 176ème sorties à 2 heures 30 ont coupé les fils de fer et pu constater que le point Y est inoccupé. A 4 heures 30, toute l'infanterie est en place.
A la 2ème division, le 176ème est en 1ère ligne, le 2ème R.M.A. en soutien, la brigade SIMONIN en réserve. La 1ère division a en 1ère ligne le 6ème colonial à gauche, le 4èe à droite ; en soutien le 1er R.M.A. ; en réserve le 175ème. Le temps est beau, sans vent, favorable à l'opération. Le Général commandant le C.E.O. a obtenu le concours du cuirassier "St. LOUIS" qui doit venir canonner les batteries d'Asie.
Après préparation de trois quarts d'heure par l'artillerie, l'assaut part, à 6 heures, dans les conditions prescrites. A 6 heures 10, le colonel GIRODON rend compte que la 1ère tranchée turque est occupée par le 176ème, malgré une vive fusillade de la 2ème ligne turque. A 6 heures 49, le Général commandant la 2ème division confirme que toute la 1ère ligne est tenue et que les renforts sont prêts à intervenir ; que le colonel GIRODON a été blessé. Le Général SIMONIN prend le commandement de l'attaque. Cette attaque progresse. Lorsqu'à 7 heures 50, le Lt-Colonel BERNADOTTE a remis le commandement au Général SIMONIN, la 2ème ligne turque de X à Z'''-2 est à nous ; la conquête de ces nouvelles positions a coûté plus cher, mais le 176ème s'y maintient toute la journée, soutenu par le 2ème R.M.A.
A droite, de F à G' l'attaque de la 1ère division n'obtient pas aussi rapidement le succès. Le 6ème colonial emporte G;G', mais en est rejeté. Le mélange des unités dans la tranchée de départ retarde la reprise du mouvement en avant. Le Lt-Colonel NOGUES est blessé et évacué. A 9 heures 15, le Général commandant le C.E.O. donne au Général SIMONIN le commandement de l'attaque de la 1ère division et au colonel VIMONT celui de l'attaque de la 2ème. Il ajoute : "Il importe de fixer le plus tôt possible l'heure de l'attaque sur F, G,G' de manière à faire la préparation par l'artillerie. Le Général MASNOU prendra les dispositions si nécessaires, en remplaçant les troupes de valeur diminuée, pour assurer à tout prix le succès. A 9 heures 50, le Général commandant la 1ère division téléphone : " Je me suis rendu personnellement compte de la situation du 6ème colonial, lequel procède à la remise en ordre de ses unités qui étaient mélangées. L'attaque de 12 heures aura pour noyau le bataillon VERMECHE (1er R.M.A.) soutenu par les unités reconstituées du 6ème colonial. La préparation d'artillerie devra viser F, G,G' et I.H.K.J.- Cette dernière ligne, surtout enveloppant G' de feux convergents qui ont causé probablement le recul. Quand le tir s'allongera à 12 heures, il devra être maintenu très actif sur H.I.J.K. pour permettre de s'organiser en G'.
A 10 heures 10, le Général commandant le C.E.O. donne l'ordre suivant : "Le 176ème a réussi, le 6ème colonial a échoué. Il est absolument nécessaire qu'il reprenne et réussisse l'attaque sur F-G-G' et si possible sur X-2, G-2G'-2. L'attaque aura lieu dans les conditions fixées par le Général commandant la 1ère division à 12 heures. La préparation d'artillerie commencera à 11 heures 15 sur F-G-G' avec neutralisation de H.I.J.K., particulièrement intensive sur H.J. qui enveloppe de feux convergents G'. Après l'attaque, quand le tir de l'artillerie sera allongé à 12 heures, il devra rester très actif sur H.I.J.K. pour permettre d'organiser en G'. Le premier point de cette organisation sera de relier G' à la sape f. Le Général MASNOU poussera en avant un nouveau bataillon du R.M.A., s'il le juge nécessaire pour assurer le succès. La 2ème division se liera à cette attaque par ses feux et si possible en portant sa droite en avant sur Z-2, X-2."

A 10 heures 30, un avion signale qu'il a vu à 9 heures 20 un bataillon turc marchant de Krithia vers la tête du boyau conduisant au Kérévès Déré. Un autre avion a signalé que le "St-Louis" qui a tiré dès 7 heures sur la batterie casematée de la côté d'Asie 154 a bien réglé son feu et a placé un obus de 30 en plein but.
Avant que la préparation de l'attaque ait été terminée sur F-G-G', le colonel VIMONT fait entamer un mouvement d'infiltration sur cette ligne ; plusieurs point sont occupés par de petits groupes de notre infanterie, tandis que la majeure partie en reste aux Turcs. A partir de ce moment, la situation devient très confuse sur le front de la 1ère division qui fait également occuper par le 4ème colonial, puis évacuer, la tranchée du talweg du Kérévès Déré.
A 11 heures 45, un avion signale un mouvement en arrière des Turcs semblant indiquer qu'ils évacuent la région H.I.J.K.- A la suite de la communication de ces renseignements et d'autres venant de la 1ère ligne tendant à faire croire que nous tenons toute la ligne F-G-G', le Général commandant le C.E.O. envoie à 12 heures 10 l'ordre suivant au Général commandant la 1ère division :

"Si le mouvement de retraite ennemie, que croit voir l'avion, se confirmait, tenez vous prêt à occuper le "Rognon" (H.I.J.K.) et à sauter sur la croupe de la rive gauche du Kérévès Déré, le long de la mer. Approchez vos réserves dans cette hypothèse. Je remets le 175ème à votre disposition, moins un bataillon."

Peu après, les éléments occupant la ligne F-G-G' refluent vers nos tranchées, et le colonel VIMONT signale : "Les Turcs nous ont rejeté sur la place d'armes PLAT".
A 12 heures 40, le Général commandant la 1ère division rend compte :
"Le colonel VIMONT téléphone de la place d'armes PLAT que les Turcs ont contre-attaqués et nous ont rejetés dans nos tranchées de départ. Il faut donc reprendre l'attaque, comme il était prévu, sur F-G-G'. Mais il est indispensable de savoir avec précision quels sont les points réoccupés par les Turcs afin de diriger le tir de l'artillerie. Jusqu'à nouvelle indication, je fais tirer en barrage derrière F.G.G' et sur H.I.J."
A 13 heures 45, le Général commandant le C.E.O. donne l'ordre de reprendre l'attaque à 14 heures 15. Mais peu après de nouveaux mouvements offensifs partiels partent de nos tranchées. En conséquence le Général commandant le C.E.O. donne à 14 heures 35 l'ordre suivant :

"L'attaque indispensable de F.G.G' avait été prescrite par le Général commandant la 1ère division pour 14 heures 15, après préparation d'artillerie. A peine la préparation était-elle commencée que le colonel VIMONT a demandé d'allonger le tir, puis à 14 heures 02, il a téléphoné : "impossible de sortir des tranchées, tous les hommes sortis ont été abattus." Ceci prouve qu'une nouvelle préparation méthodique est indispensable. Nous avons 5 heures de jour. Prenez vos dispositions pour qu'une bonne préparation d'artillerie puisse avoir lieu et soit suivie comme ce matin d'assaut d'infanterie instantané. La 1ère division doit être bien convaincue qu'il est indispensable de reprendre et de garder F.G.G' et probablement la ligne immédiatement derrière sous peine de perdre la pointe que forme en ce moment le gain de la 2ème division de X à Z'''2.
Prenez votre temps ; donnez vos ordres et donnez-moi vos heures pour la préparation de l'attaque".

En exécution de cet ordre, le Général commandant la 1ère division envoie au colonel VIMONT les instructions suivantes à 15 heures :

I- "Le Général commandant le C.E.O. ordonne la reprise de l'attaque sur F.G. indispensable pour maintenir l'avance du 176ème.

II- La progression par infiltration sur G se poursuivra en s'efforçant d'occuper aussi G-F.

III- Une attaque sera préparée pour 18 heures ayant comme objectif de dépasser F-G et d'atteindre la tranchée située environ à 100 m. Est de G-F, dont le feu paraît particulièrement efficace sur les occupants de F-G. Cette attaque sera préparée par l'artillerie sur la tranchée Est de F.G. et G' ; elle devra être secondée par les Dumézils.

IV- Le tir sera allongé à 18 heures et maintenu en barrage sur les tranchées de la région H.I.J.K.

V- L'attaque doit être menée avec des unités en nombre débouchant simultanément de tout l'ancien front du 6ème colonial à la fois sur G et sur G' (partant au besoin de la parallèle 3).

VI- Dans ce but les unités insuffisamment ralliées seront au besoin refondue dans les tranchées de soutien pour faire place en 1ère ligne à des troupes fraîches du R.M.A."

Les dispositions visées dans le paragraphe VI ayant retardé un peu les préparatifs, l'assaut ne peut être donné qu'à 19 heures 30. En 10 minutes, deux bataillons du 1er R.M.A. enlevés par le colonel NIEGER, s'emparent à la baïonnette de la ligne G'-G-F en subissant d'assez fortes pertes.
Ce succès termine les opérations de la journée.
La ligne gagnée est jalonnée par les points suivants : j-2, i-2, Z'', Z, Z-2, Y-2, X.F.G.G', plus un élément en -3 en avant de F.G.G'.
Pendant la journée du 21, les pertes de l'ennemi ont été très élevées. Il a été fait dans la matinée 18 prisonniers dont 2 officiers, un capitaine du 21ème d'infanterie et un Lieutenant du 6ème.
L'artillerie a coopéré à l'action d'après les dispositions prescrites ; ses positions étaient les mêmes que le 4 juin avec cette différence que 2 pièces de 75 (groupe Charpy) avaient été poussées à hauteur de la ligne de repli de la 1ère division et à l'extrême droite, sur le haut de la falaise ; deux pièces de montagne avaient été descendues dans la cuvette même du Kérévès, sur la plage.
7 obusiers anglais, mis à notre disposition, ont tiré efficacement sur le front W,Z'',Z. Les canons longs et le groupe MERCADIER ont agi en contre-batterie, mais les interruptions de la T.S.F. des avions, l'augmentation de l'artillerie ennemie en Europe et surtout en Asie, n'ont pas permis d'obtenir les mêmes résultats que le 4 juin.
Une pièce a été détruite par éclatement dans l'âme, 3 ont eu des avaries de frein.
P.J.K-41 (rapport d'opérations). Consommation des munitions très élevée.
L'aviation rendu de grands services en observant les mouvements des réserves turques et en réglant le tir de nos contre-batteries. L'escadrille a exécuté 18 vols d'une durée totale de 47 heures 50. 3 autos sanitaires prêtés par les Anglais. Dans la soirée, le Général commandant le C.E.O. se rend au P.C. des divisions et donne l'ordre d'opérations suivant pour la nuit et la journée suivantes (N° 421 M).

"Grâce à la préparation minutieuse, à la précision du tir de l'artillerie, à l'admirable courage de l'infanterie, le C.E.O. a inscrit une belle page de son histoire, malgré une résistance acharnée. La 1ère division a conquis F.G.G' et L-2. la 2ème division a enlevé toutes les tranchées qui lui étaient indiquées sauf un morceau entre X et F et l'angle compris entre Z''', Z'''-2 et Z'-2. La 2ème division emploiera la nuit a réformer ses unités, à achever ses boyaux pour se replier à la tranchée de départ. Le boyau le plus au Nord reliant I-2 à Z' devra être organisé pour le tir face au Nord-Est. Elle s'efforcera de profiter de la nuit favorable pour sauter sur les éléments qui tiennent encore en X et F et l'angle Z'''2. Si cette tâche ne peut être accomplie la nuit, ce sera le soin de la journée de demain. Le but final est de prolonger Z''', Z'''2 vers le sud pour allonger le front face à l'Est et de rejoindre X à X-2 en liaison avec la 1ère division. La 1ère division emploiera la nuit à se relier à la tranchée de départ G-f et par un autre boyau partant soit de f soit de G. Elle cherchera, grâce à la nuit favorable, à s'emparer de la ligne X-2, L-2, G-2 et si possible X-3 L-3 qu'elle relierait à G-2. Si le Général commandant la division le juge possible on sautera sur H.I.J.K. et la tranchée du Kérévès.

ARTILLERIE.-
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Se tiendra toute la nuit en état d'exécuter des barrages en avant de tout le front conquis et particulièrement à l'Est de Z''', Z'''2 et G' X-3. En cas de fusillade violente décelant une attaque et pour prévoir une rupture des lignes téléphoniques, l'artillerie n'hésiterait pas à exécuter un barrage même s'il ne lui était pas demandé.

MESURES DE DETAIL :
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1°- Les colonels s'efforceront de faire parvenir des aliments chauds à tout prix et la ration supplémentaire de vin accordée à toutes les troupes, notamment à celles en 1ère ligne.

2°- la liaison entre les deux divisions sera jusqu'à nouvel ordre la ligne : place d'armes du Nord-F-X-2 ; place d'armes Est à la 1ère division et F,X-2 à la 2ème division.

3°- Les liaisons téléphoniques seront poussées à la nouvelle ligne.

4°- Les chefs de bataillon passeront la nuit au milieu de leur bataillon.

POINT IMPORTANT.-
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Il est possible qu'une tranchée qui était bonne pour les Turcs soit mauvaise pour nous. Chaque commandant de compagnie passera donc au petit jour l'inspection de sa ligne et proposera les modifications nécessaires pour avoir un bon champ de tir, le but final de l'opération étant d'atteindre la crête militaire du Kérévès Déré."

DEBARQUEMENTS DU 21 JUIN.-
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A- Infanterie : 3 officiers

B- Artillerie : Matériel pour la batterie de 240
265 caisses de bombes Dumézil.

C- Génie : 140 caisses de grenades.
15.000 sacs à terre.
Marrons et fusées de signaux.
Matériel de télégraphie.
320 tôles ondulées.
26 tonnes de madriers et planches.

D- Intendance : 1500 balles de foin.
400 sacs d'orge et avoine.
145 demi-muids de vin.
250 sacs de pain.
12 tonnes de bois à brûler.

[un premier état des troupes de la journée du 21 juin est donné à l'issue de la journée du 22 juin (pages 125 et 126 ; pages 22 et 23 des minutes) puis un état plus précis à l'issue de la journée du 25 juin (pages 130 à 132 ; pages 28 à 30 des minutes) ; il a été relevé pour le 21 juin 1915 au 4ème colonial : 9 morts, 195 blessés et 25 disparus]

Carte front Dardanelles 21 juin 1915

Ci-dessous, le boyau en avant de la tranchée du talweg du Kérévès Déré où serait peut-être tombé Bastianu (gros plan de la carte page 25 des minutes et extrait d'une photo satellite mise en ligne par "Googlemap").

Sébastien Lucchini, Seddul-Bahr, Gallipoli, Dardanelles, Kérévès Déré, tranchées, mort pour la France, 21 juin 1915


[màj du 21 novembre 2008 : liens utiles :

- plus d'informations sur la consultation des journaux de marches et d'opérations ;

- note sur Sébastien Lucchini ;

- monuments aux morts d'Aullène, de Monacia et de Gianucio et fiches des "morts pour la France"]

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