mercredi 27 novembre 2019

[Nouvelles] Aullène & Monacia d'Aullène > Ecole > Josué Baciocchi, Instituteur en 1849.


Le 02 août 1849, Monsieur Josué Baciocchi, instituteur au hameau de Monacia commune d’Aullène, s’adresse par courrier à Monsieur le Préfet du département de la Corse pour se plaindre du comportement intolérable des membres du conseil municipal et de son maire à son égard et surtout de l’école de Monacia et de ses élèves.
Son important différend qui manifestement l’exaspère porte sur le fait que l’école du hameau de Monacia, où il est affecté, n’est pas équipée du moindre mobilier. Ni table, ni bancs, ni tableau. En fait, la salle est « toute nue ».
Pour argumenter son propos, par comparaison, il fait savoir que l’école d’Aullène est équipée de six bancs et d’un tableau, alors qu’il y a « peu d’élèves » !  Il ajoute ; » pourtant le conseil municipal d’Aullène a voté une subvention de cent francs pour un mobilier dont il n’a pas besoin ! »  Tout cela parce que le hameau de Monacia éclipse la commune d’Aullène. (!?)
Monsieur l’Instituteur s’en remet « au père de toutes les communes du département » pour remédier à l’injustice flagrante que subit l’école de Monacia. Il implore donc Monsieur le Préfet de ne pas approuver la délibération du conseil municipal d’Aullène afin que la somme de cent francs qui a été votée puisse servir à l’école de Monacia.
De nombreux courriers seront alors échangés, entre le Préfet de la Corse, le sous-préfet de Sartène, la mairie d’Aullène et Monsieur l’instituteur Baciocchi.

Le 11 août 1849, Mr le Préfet de Corse communique à Mr le sous-préfet de Sartène, la requête de Mr Baciocchi, instituteur, et demande à être informé de la suite de cette procédure.
Le 27 août 1849, Mr le sous-préfet, répond au Préfet qu’il n’a aucune information de la part du maire d’Aullène, et il suggère à son chef hiérarchique de diviser la somme allouée à l’école d’Aullène pour moitié à l’école de Monacia.
Le 28 août 1849, nouvelle lettre de Mr le sous-préfet de Sartène, qui fait savoir le refus catégorique d’une nouvelle délibération par le conseil municipal d’Aullène pour du mobilier destiné à l’école de Monacia.
S’ensuit, un courrier (non daté) entre la mairie d’Aullène et la préfecture pour dénoncer le caractère litigieux de la demande de l’Instituteur, mettant en doute sa probité et son prestige (sic) et qu’en conclusion suite aux propos erronés de Mr Baciocchi, il n’y a pas lieu de délibérer pour l’école de Monacia.
Le 29 octobre 1849, Mr Baciocchi, répond à Mr le Préfet et s’explique sur les allégations de Mr le Maire qui manifestement sont interprétées en sa défaveur. Pour justifier sa bonne foi, il produit des attestations de Mr le Recteur et du desservant ( ?) et les raisons objectives de la désertification de son école pendant cinq mois de l’année en raison de la transhumance de sa population et du climat insalubre l’été.
Le 25 janvier 1850, Mr le sous-préfet, précise à Mr le Préfet, que du mobilier sera livré prochainement à l’école de Monacia, en raison de la commande à exécuter approuvée par les soins de Préfet et adressée à Mr le Maire d’Aullène (?!)
Le 28 mars 1851, le sous-préfet, informe par courrier le Préfet, de la réception d’une lettre émanant de Mr le Maire d’Aullène, qui fait savoir que le mobilier de l’école de Monacia, n’a pu être confectionné en raison du manque de fond de la caisse municipale (???).

En conclusion, comment cette triste histoire s’est elle terminée ? En l’absence d’archives, il est difficile d’affirmer une quelconque solution…
Finalement, la création en 1863 de la commune de Monacia, détachée de sa tutelle Aullènoise, aura au moins permis de ne plus partager ce genre de difficulté et d’apaiser les esprits et certaines tensions administratives.
(Ci joints quelques extraits des correspondances..)





samedi 16 novembre 2019

mardi 12 novembre 2019

[Presse] Aullène & Monacia d'Aullène > Réhabilitation des fusillés pour l'exemple de 14 - 18.


Le site Corse Net Infos, a publié le 11 novembre 2019, l’article ci-dessous.

Aullène et l’Assemblée de Corse, unis pour la réhabilitation des fusillés de 14-18

Pierre BERETTI,  le Lundi 11 Novembre 2019 à 16:37

A l’heure où la Corse rend hommage à ses enfants tombés pour la France, un projet est mené par le village d’Aullène soutenu par l’Assemblée de Corse et la journaliste Jackie Poggioli qui avait dédié un documentaire à cette question. Il s’agit de la réhabilitation des « fusillés pour l’exemple ». 

http://aullene.blogspot.com
 

Depuis quelques années, l’histoire et la culture insulaires font régulièrement l’objet à Aullène d’expositions et de débats, organisés sous l’égide de la municipalité. Après bien d’autres sujets comme la Résistance et la Déportation, la lutte pour la Laïcité, la place des femmes en Corse, la littérature locale, ce sont les fusillés pour l’exemple de 14-18 qui cet été ont été mis en lumière par cette commune de l’Alta Rocca.
A l’ordre du jour, une conférence de Jean-Marc Schiappa, président de l’Institut d’histoire de la Libre Pensée, accompagnée par une présentation, par les organisateurs locaux, des dossiers de chaque fusillé corse et un débat.

Cet évènement vient d’avoir des suites importantes, lors de la dernière session de l’Assemblée de Corse. La Résolution du président de l’Exécutif concernant la réhabilitation des fusillés corses, a en effet pris en compte l’initiative lancée à Aullène par la journaliste Jackie Poggioli, cheville ouvrière de la manifestation, lors du débat qui avait rassemblé une nombreuse assistance. 

Prenant acte de l’absence de réponse de l’Etat à un vote à l’unanimité, en 2011, de l’Assemblée de Corse qui réclamait une réhabilitation collective des fusillés de l’île et de tout le pays, la réalisatrice de ViaStella, auteur du documentaire Fucilati in prima linia, qui a été à l’origine de la Motion d’il y a huit ans, avait proposé aux élus insulaires de procéder à la proclamation solennelle de cette mesure, à l’échelle locale, en tant que représentants de la Corse. 
A défaut de pouvoir être inscrite dans la Loi, une telle initiative était susceptible selon la journaliste d’être reprise dans différentes régions de l’Hexagone, et présentée comme la plus susceptible de contrer le véto  de l’Etat sur la question, et de laver publiquement la mémoire des soldats victimes de l’arbitraire des Conseils de Guerre, mis en exergue par des officiers supérieurs eux-mêmes, à l’instar du Général André Bach.  

Peu après le débat d’Aullène, la journaliste de Viastella a été contactée par Gilles Simeoni  puis par la directrice-adjointe de son cabinet, Marie-Christine Bernard-Gelabert, désireux de souscrire à cette demande et voulant rassembler les éléments d’information les plus exhaustifs sur cet épineux dossier. 
Le 24 octobre, le président de l’Exécutif a donné à ce dossier une réponse qui restera dans les annales, concernant ce sujet, même si l’heure tardive du vote et une actualité chargée ne lui ont pas assuré la couverture médiatique que l’évènement aurait mérité.


La résolution proclamant, au nom des élus de l’ADC, la réhabilitation solennelle des fusillés pour l’exemple corses de 14-18, a été votée à l’unanimité. Deux invités étaient présents:  Jackie Poggioli et le réalisateur Jean-Marie Antonini, auteur du film Aio zitelli, qui a été projeté dans l’hémicycle. 
Basée sur l’histoire d’un des fusillés corses, Joseph Gabrielli, ce court-métrage, qui a reçu de nombreux prix dans des festivals internationaux, a été très chaleureusement applaudi par les élus. 

Bien des habitants d’Aullène sont satisfaits pour leur part d’avoir apporté leur contribution à ce devoir de mémoire. Ils comptent aujourd’hui faire mettre en valeur par les services concernés la dimension patrimoniale du Monument aux Morts de leur village, au profil unique : c’est le seul, en Corse et dans tout le pays, à avoir été conçu à l’effigie d’un Fusillé, selon un manuscrit signé en 1919 par son maître d’œuvre, le capitaine Joseph Lucchini.

Le soldat martyr s’appelait Joseph Tomasini. Agé de 22 ans et père de deux enfants en bas-âge, ce jeune Poilu d’Aullène, appartenant au 173e RI, a été passé par les armes en septembre 1914. Une stèle bilingue, en corse et en français, apposée en 2014, rappelle son histoire : une œuvre communale elle aussi totalement atypique.
Sur les Monuments aux morts, les Autorités tentent en effet depuis la Première guerre de prohiber toute démarche jugée transgressive,. L’utilisation de la langue vernaculaire, historiquement bâillonnée, pour évoquer le personnage du fusillé, lui aussi traditionnellement voué aux gémonies par le Pouvoir, est un double affichage contestataire, très longtemps impensable sur un tel édifice. Comme la résolution de l’Assemblée de Corse, cette inscription hautement symbolique témoigne de la place à part occupée par l’île dans le débat sur les Fusillés pour l’exemple de 14-18. 



http://aullene.blogspot.com